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Conteur.euse: monarque de la parole

Déboulonner la posture toute puissante des conteur.euse.s sur l'acte de parole


Parole monarchique

Avoir parole est un pouvoir. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à observer les réalités citoyennes de nombreux pays qui exercent un contrôle sur ce qui peut et ne peut pas être dit.


Durant leur performance, les conteur.euse.s dirigent l’attention d'une parole monarchique (du grec "seul" et "pouvoir"). Bien souvent, iels sont littéralement les seul.e.s à pouvoir dire. En régime d'oralité, Zumthor identifie deux rôles portés par les destinataires : "celui de récepteur[s] et celui (au moins virtuel) de co-auteur[s]". Mais l'auctorialité des spectateurs (dans le cas d'un spectacle de conte) est cantonné à la sphère individuelle, car le collectif est mené par une seule personne, celle qui a voix. Les conteur.euse.s peuvent bien sûr entrer en relation et ainsi donner de la place aux spectateurs, mais pas de là à laisser filer la prévalence de leur rôle de narrateur.trice au profit de celleux qui écoute.


Les arts fonctionnent la plupart du temps dans ce rapport de pouvoir face aux lecteur.trice.s, spectateur.trice.s, auditeur.trice.s, etc. Le conte se distingue toutefois, car l'artiste partage ici avec celleux qui l'écoute un même espace temps, sans le quatrième mur du théâtre ou la distance spatiotemporelle de la littérature ou du cinéma. De plus, les conteur.trice.s activent tous les codes conventionnels de la communication, ce qui est moins le cas en danse ou en cirque. Et il n'y a communication qu'en présence de l'autre; tous les conteur.trice.s vous le diront, un parole conteuse sans personne à qui raconter est amputée.


Ainsi, dans notre art, plus peut-être que dans tous les autres, la présence de celleux qui nous écoutent est essentielle et commande que l'on s'intéresse aux caractéristiques de cette relation. Ainsi, faire le choix de conserver en tout ou en partie la monarchie orale doit être interrogé, car le contraire devient une inconsciente perpétuation d’une instance de pouvoir.


Les conteur.euse.s., qui sont-iels pour PRENDRE la parole. À qui la prennent-iels ?

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